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Liberia has accumulated a USD 4.6 billion debt under dictatorships since 1846, according to Bishop Sumoward Harris of the Lutheran Church in Liberia. Harris was among a group of panelists discussing the problem of illegitimate debt at the Eleventh Assembly public hearing. Lutheran churches in Latin America initiated study on the issue on behalf of the wider communion. © FLM/J. Latva-Hakuni

26.07.2010

« Le profit à tout prix » prive les gens de leur pain quotidien

Les luthérien(ne)s se penchent sur la dette des pays pauvres, une question de justice

STUTTGART, Allemagne, 25 juillet 2010 – Certaines institutions financières ne recherchent que le profit, sans prendre en considération les besoins des êtres humains. Cela « prive de nombreuses personnes de leur pain quotidien », a affirmé hier l’évêque Ángel Furlan, de l’Église évangélique luthérienne unie d’Argentine, devant les délégué(e)s de la onzième Assemblée de la Fédération luthérienne mondiale (FLM). La dette est l’une des raisons fondamentales qui privent les gens de nourriture, d’éducation et d’accès aux soins dans les pays où la dette accumulée est devenue un fardeau accablant, a-t-il déclaré.

Les personnes qui ont pris la parole pendant la réunion publique sur la dette illégitime ont rapporté qu’avec les années, les pays en voie de développement ont accumulé une dette envers les créanciers étrangers, souvent dans des périodes de dictature ou lorsque les organisations financières recherchaient le profit à tout prix. Depuis plus de trente ans, le remboursement de cette dette a entraîné des millions de personnes dans la pauvreté, car il réduit leur accès à la nourriture et aux opportunités.

Par exemple, « lorsque nous demandons notre pain quotidien en Amérique latine », il y a toujours un lien avec la dette extérieure, a dit la pasteure Gloria Rojas Vargas, présidente de l’Église évangélique luthérienne du Chili. La faim, la justice sociale et le manque d’opportunité sont tous liés à la dette qui touche les jeunes et les plus âgés, les femmes et les hommes, et toutes les couches sociales.

Le Libéria, sous la dictature depuis 1846, a accumulé une dette de 4,6 milliards de dollars, a informé l’évêque Sumoward Harris de l’Église luthérienne au Libéria. « Comment un pays si pauvre pourrait-il rembourser cette somme, quand les habitant(e)s ont si peu d’argent et que beaucoup n’ont accès ni à la nourriture ni à l’éducation ? »

Un exemple de dette illégitime a été donné par l’évêque Sumoward Harris de l’Église luthérienne au Libéria et Mme Margareta Grape de l’Église de Suède. Jusqu’en 1980, le gouvernement du Libéria a acheté à la Suède des navires de guerre pour une valeur totale de 6.44 millions de dollars, plus 1.8 millions en intérêts, créant une dette considérable et durable. En 2008, les Églises des deux pays ont demandé au gouvernement de Suède de reconnaître sa part de responsabilité, de déclarer que la dette libérienne est illégitime et de l’annuler.

Cette initiative a été un succès mitigé. Le gouvernement suédois a annulé la dette mais n’a pas accepté de porter une part de la responsabilité. La somme de la remise de dette a été déduite du budget suédois d’aide au développement.

Dans un autre cas, les Églises du Costa Rica et de Finlande ont rassemblé des preuves sur la fourniture de crédit liée à la corruption, d’après les explications de Mme Cristina Mora, de l’Église luthérienne du Costa Rica, et Mme Tuula Siljanen, de l’Église évangélique-luthérienne de Finlande. Utilisant un prétendu « crédit d’export », le gouvernement finnois a autorisé la vente d’équipement à des hôpitaux costaricains, à la condition qu’ils soient achetés à une entreprise finnoise précise. De plus, le fonctionnement des appareils étant compliqué, ceux-ci n’ont pas pu être utilisés par les hôpitaux costaricains.

Les Églises ont encouragé un changement de la façon dont on comprend la dette : passer d’une interprétation légale étroite à une qui soit plus compréhensive, morale et éthique, a expliqué Mme Siljanen. Par là, les Églises demandent davantage de transparence de la part des gouvernements et dans les pratiques des entreprises.

« Une nouvelle architecture financière » qui ait le souci des gens et protège la Création


Les luthérien(ne)s doivent donner une réponse in communio à l’allégement de la dette et favoriser une pratique du prêt qui soit responsable, a dit M. Peter Prove, directeur de l’Alliance Œcuménique « Agir ensemble » (EAA).

L’Église a une longue expérience de la diaconie pour réduire la pauvreté et maintenant doit également développer la « diaconie prophétique », a déclaré Jürgen Kaiser, d’Erlassjahr en Allemagne, une coalition de 700 Églises et organisations non gouvernementales travaillant sur la dette illégitime. « Nous devons rechercher une nouvelle architecture financière » qui ait le souci des gens et protège la Création. En termes d’éthique, les dettes devraient être remboursées ; mais l’escroquerie et l’extorsion ne doivent pas en faire partie.

« Des billions de dettes accumulées sont devenues des fardeaux accablants pour de nombreux pays, y compris ceux de l’hémisphère nord », a expliqué M. Kaiser. « Les institutions ne veulent pas débattre des prêts aux dictatures, ou de ceux qui ont été transformés en dette publique, usure et corruption, ou encore des inégalités de pouvoir lorsque les dettes sont renégociées. »

Ces dettes ont laissé trop de gens dans la misère, et l’image de Dieu en eux a été blessée. « Nous, les membres de l’Église, nous devons parler de ces choses… Nous devons agir et non pas être de simples spectateurs », a ajouté M. Kaiser.

Le pasteur Atle Sommerfeld de Norwegian Church Aid a complété : « Nous devons dire qu’il s’agit d’une simple question éthique. Si la personne qui reçoit le prêt est un escroc, un dictateur et que vous avez un intérêt particulier à réaliser des affaires avec cette personne, vous en portez alors la responsabilité… Nous devons avoir le courage de dire ces choses, même si, techniquement, cela peut être assez compliqué. »

Dans un message enregistré, l’évêque Karl Sigurbjörnsson de l’Église d’Islande a dit : « Lorsque l’on donne la priorité au travail et aux réussites, au profit et à la productivité, la doctrine luthérienne de la grâce prend toute son importance. “Pardonne-nous nos offenses.” Nous avons tous des dettes envers les autres. Voilà de quoi est faite une communion. »

La question de la dette illégitime constitue une préoccupation traitée depuis trente ans par le programme de la FLM qui lui est dédié. Celui-ci a mené à la publication de Not Just Numbers: Examining the Legitimacy of Foreign Debts (Minneapolis, MN : Lutheran University Press, 2003). (1023 words)

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